Manif sur les retraites : le 13 mai des dupes (édito 13/05/03)

mardi 31 mars 2009

Il y a 45 ans, une manifestation à Alger provoqua le retour à Paris du Général de Gaulle. La foule croyait qu'il garderait l'Algérie française : la donne géopolitique conduisit à l'indépendance algérienne

Le 13 mai 2003, des seniors et peut être aussi des jeunes (!) défileront pour défendre leurs retraites : mais les retraites ne dépendent pas des défilés, elles dépendent des bébés ; c'est avant tout une affaire démographique.

Les syndicats dissimulent la vérité quand ils prétendent qu'il est possible de maintenir l'actuel système de répartition en l'état

Tout comme les compagnies d'assurance et les milieux libéraux trompent leur monde lorsqu'ils présentent les systèmes par capitalisation comme « la » solution.

Quant à l'augmentation des cotisations à laquelle le gouvernement semble prêt à se rallier, elle aggraverait encore la situation.

Car ce qui détermine le niveau des retraites, ce ne sont pas les habillages comptables ou les mesures à courte vue : c'est la pyramide démographique surtout quand celle-ci repose sur la pointe !

1 - Le point de vue syndical sur la défense du statu quo est intenable

On peut certes comprendre une certaine inquiétude des futurs retraités qui redoutent une baisse du montant de leurs pensions ; mais d'un point de vue d'actuaire ce n'est pas le cas : leurs pensions ne baisseront pas, mais elles seront davantage étalées dans le temps.

Car le droit réel à pension dépend de l'espérance de vie : plus celle-ci s'élève, plus le volume des retraites finalement versées augmente. De ce point de vue, il est logique d'indexer l'âge du départ en retraite sur les perspectives d'allongement de la vie, car à moins de cesser de soigner le 4ème âge, il n'y a pas d'autre solution ! Retarder le départ en retraite ou euthanasier les plus vieux : telle est en fait l'alternative.

2 - La propagande libérale pour les fonds de pension n'est pas non plus très sérieuse.

Car qu'il s'agisse de « répartition » ou de « capitalisation », c'est toujours le rapport actifs/inactifs (et futurs actifs/futurs inactifs) qui détermine le montant possible des retraites. On l'a vu d'ailleurs au cours des 10 dernières années : beaucoup de futurs retraités issus de classes d'âge nombreuses ont individuellement ou collectivement, à travers des fonds de pension, investi en bourse ; la forte demande d'actions qui en est résultée a engendré une hausse importante des cours sans rapport avec l'économie réelle, à savoir la valeur des actifs des entreprises et leur capacité à générer des bénéfices, au moment même où le vieillissement de populations occidentales freinait la croissance. D'où la bulle financière qui, un jour ou l'autre, devait se dégonfler, fragilisant ainsi les espérances de retraites futures

3 - L'augmentation des cotisations aggraverait encore la situation

Reste à examiner la pire des solutions : l'augmentation des cotisations. Indépendamment de ses inconvénients sur le plan de la compétitivité de l'économie française, elle présente un défaut majeur : limiter les revenus des jeunes actifs, baisser leurs revenus relatifs vis-à-vis des vieux actifs et des retraités et par conséquent les dissuader un peu plus d'avoir des enfants. Or c'est la remontée du taux de fécondité d'aujourd'hui qui assurera, dans la réalité, le niveau des retraites à partir de 2025.

Si les démographes avaient été écoutés dans les années 75/80, il n'y aurait pas aujourd'hui d'inquiétude pour les retraites.
Il est temps de tenir compte de cette réalité et de moduler les cotisations et les prestations en fonction du nombre d'enfants.
Même si certains fruits secs du syndicalisme risquent d'avoir du mal à le comprendre : faites des bébés, pas des défilés !

Jean-Yves LE GALLOU
13/05/03
Polémia


 

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